mardi 28 juillet 2015

Dans le désordre d'un atelier

Ces cahiers et carnets sont rarement des "journaux" (sinon dans les périodes de crise) mais plutôt un chantier : esquisses, copeaux, ébauches, poèmes en train de naître ou poèmes déjà nés, brindilles, pense bêtes, brouillons, notes de lecture, idées en l'air, idées à terre, formes mal dégrossies encore sur l'établi, observations d'oiseaux et de passants etc. Tout cela éparpillé dans le désordre d'un atelier. (...) Si je cède parfois au journal, c'est pour ne pas céder au découragement. J'ai pourtant un peu de méfiance à l'égard du journal intime grippe-jour, nœud au mouchoir et livret de caisse d'épargne du temps qui passe.
Claude Roy
Introduction à "Permis de séjour" 
p.12 Folio n°1700 

Mets toi à sa place


vendredi 3 juillet 2015

Par delà le nuage


Par delà les nuages

Quand je viens de finir un film que je suis très fatigué, alors je pense au prochain. Il ne me reste rien d'autre à faire, que je sache faire. D'abord, j'essaie de déterminer le genre de film que je veux tourner après celui que je viens d'achever . Le plus difficile, c'est de m'abstenir de m’intéresser à tout, ne pas lire, ne m'accorder aucune distraction. Atteindre le silence, l'obscurité. C'est de l'obscurité que jaillit la réalité , du silence que les voix du dehors se font entendre.
Michelangelo Antonioni, Wim Wenders
Par delà les nuages 

jeudi 2 juillet 2015

J'ai fait cinq ans de piano

Bien sûr, on entend quelquefois : << J'ai fait cinq ans de guitare, cinq ans de football, ou cinq ans de gymnastique.>> Mais beaucoup plus souvent : <<J'ai fait cinq ans de piano.>>
Comme si dormaient dans ces sept mots tous les secrets des émotions qu'on n'a pas pu atteindre, ou provoquer. Comme si un pouvoir s'était douloureusement refermé, la clé perdue d'une porte inconnue. J'ai essayé un peu, mais les jours sont étroits.
Philippe Delerm
Je vais passer pour un vieux con 

Témoin de l'affaire Saint Fiacre