mercredi 31 janvier 2018

Comme les pierres du torrent

Des idées qu'on hébergeait sans raison vous quittent, d'autres au contraire s'ajustent et se font à vous comme les pierres du torrent. Aucun besoin d'intervenir; la route travaille pour vous. On souhaiterait qu'elle s'étende ainsi en dispensant ses bons offices, non seulement jusqu'à l'extrémité de l'Inde, mais plus encore jusqu'à la mort.
Nicolas Bouvier
L'usage du monde

On devine le bleu


lundi 29 janvier 2018

Le présent d'incertitude

Je suis un homme parmi des milliards d'hommes, en communion peut-être avec d'autres artistes qui ressentent à cet instant la même paix, la même beauté, la même douleur sourde, l'incomplétude qu'ils ont décidé de transformer en travail. Ce que je comprend depuis peu, le travail importe plus que l’œuvre achevée.
Henri Bauchau
Le présent d'incertitude
Journal 2002-2005

En attendant le printemps


jeudi 11 janvier 2018

Les tulipes et alors

La tige des tulipes s'est inclinée très bas, comme les courtisans au passage de leur maître. Le roi-soleil est absent ces jours-ci. Les fleurs sont quand même prêtes à l'accueillir, au cas où
Christian Bobin
Autoportrait au radiateur 

La vie malgré tout



samedi 6 janvier 2018

Je réponds que j'écris sur des fleurs

A la question toujours encombrante : qu'est ce que tu écris en ce moment, je réponds que j'écris sur des fleurs, et qu'un autre jour je choisirai un sujet encore plus mince, plus humble si possible. Une tasse de café noir. Les aventures d'une feuilles de cerisier. Mais pour l'heure, j'ai déjà beaucoup à voir : neuf tulipes pouffant de rire dans un vase transparent. Je regarde leur tremblement sous les ailes du temps qui passe. Elles ont une manière rayonnante d'être sans défense, et j'écris cette phrase sous leur dictée : "Ce qui fait événement, c'est ce qui est vivant, c'est ce qui ne se protège pas de sa perte".
Christian Bobin
Autoportrait au radiateur

Dans tes rêves



jeudi 4 janvier 2018

Cézanne peignait lentement

Cézanne peignait lentement, appliquait une touche sur la toile après l'avoir longuement méditée. Il n'ignorait pas que sa difficulté de peindre provenait de ce qu'il n'avait plus une vision innocente. Le savoir amassé brouillait la clarté du regard, orientait le chemin de la pensée, faisait obstacle à la spontanéité du geste. Pour avancer sur sa toile, il lui fallait repousser ce savoir, atteindre la non-pensée, retrouver la candeur, l'indispensable innocence.
Charles Juliet
Gratitude
POL

Matin immobile


mercredi 3 janvier 2018

mardi 2 janvier 2018