lundi 25 mars 2019

J’ai une forte nostalgie pour l’avenir

La vie peut être définie par les décisions que l’on prend. Sans doute, les plus grandes décisions que j’ai prises peuvent être réduites à une poignée d’exemples. Bien sûr, la première décision importante que j’ai prise a été de m’engager dans la photographie. la seconde était d’utiliser uniquement le Leica; la troisième était de pratiquer le yoga tous les matins; la quatrième était celle de rejeter la photographie commerciale et de me concentrer entièrement à mon travail personnel; la cinquième grande décision a été de partager ma vie avec Mary Jane; la sixième a été de cessé de boire et, plus récemment, la septième passer à la photographie numérique. Et voilà! 80 ans en sept décisions.
J’ai une forte nostalgie pour l’avenir.
Ralph Gibson

Au pêcher !


samedi 23 mars 2019

Juste une question d'instrument


J'ai longtemps été fasciné par les pianistes d'ambiance.
Un type qui traîne dans un grand restaurant chic des films américains de l'entre-deux guerres
Un type que personne écoute et qui sert surtout à camoufler ce qu'il se dit à la table d'à côté
Avec style et plus de classe qu'un juke-box
Celui qui fait semblant de se moquer de l'indifférence général...et qui joue pendant des heures
Et la famille est fière de le citer parce que c'est l'artiste de la famille
Mais une fois qu'on a dit ça on sait plus trop quoi dire d'autre
Et on sort des séries d'évidences, de gros lieux communs comme «il est gentil
Mais c'est comme tous les artistes il est feignant». C'est peut-être vrai quelque fois...
Hormis ceux qu'on réussit alors là on dit: «Vous avez du travaillez beaucoup pour en arriver là!»
J'ai longtemps voulu être celui que l'on regarde avec un petit sourire plein de circonspection
Parce qu'on le trouve étrange, il est pas comme tout le monde
Celui qu'on comprend pas bien, celui qu'on fait semblant de pas voir quand on le croise
Parce qu'il colle pas avec le décor...
Parce qu'on a peur de tout ce que l'on ne connaît pas, de tout ce que l'on ne comprend pas
Parce que les étrangers que l'on préfère encore c'est les étrangers de couleurs parce qu'on les repère de loin...

Les Pianistes d'ambiances de Charlélie Couture

dimanche 17 mars 2019

Comme une vieille valise

Ma nature individualiste, obstinée, récalcitrante, souvent centrée sur elle-même, et qui doute toujours et qui, lorsque surgissent les problèmes, tente de déceler quelque chose d'amusant, ou de presque amusant, dans la situation. J'ai trimballé ce caractère toute ma vie comme une vieille valise, sur un chemin long et poussiéreux. Je ne trimballe pas ce bagage parce que je l'aime. Il a une allure plutôt minable, il part presque en lambeaux, et surtout, il pèse son poids. Mais je le transporte parce que je ne peux pas faire autrement. Et puis je m'imagine que j'ai fini par m'y attacher. Évidemment.
Haruki Murakami
Autoportrait de l'auteur en coureur de fond
10-18
p.186


Apparition


lundi 11 mars 2019

Les fruits immobiles


Se tenir à l’affût, c’est accepter qu’il ne se passe rien.
Il fait froid, on respire mal, on se tait, on se camoufle, on s’annule, on finira par oublier sa propre présence, vertu suprême.
On attend l’animal et, contre le dogme du "tout, tout de suite", il conviendra de préférer le "peut-être, jamais", exercice douloureux pour un homme moderne !
En voyage, l’espace défile et les jours se succèdent avec leur lot d’imprévus. À l’affût, c’est le temps qui imprime ses infimes nuances.
La lune se lève, un rapace trace sa boucle dans le ciel, une colonne de poussière monte, un mammifère apparaîtra peut-être. Rien n’est moins sûr.
Parfois, seul le silence s’offrira à notre patience.
La récompense se tiendra dans l’attente elle-même.
Quand on aime passionnément la vie, on n’exige pas qu’elle se montre. »
Sylvain Tesson
Tibet, minéral animal

T'es où ?



samedi 2 mars 2019

Entre avant hier et ce matin

Cela se passe en général durant les mois en "r" à l'heure où sortent les sangliers, où rentrent les chien mouillés et glapissant. Les acacias dénudés torsadent leur cimes dans les bourrasques. Les escadrilles de nuages balancent en passant des paquets de mer. L'eau s'infiltre sous les portes.
Eric Holder
De loin on dirait une île
Le dilettante
p69

Je viens de découvrir Eric Holder et je vais aller chez le menuisier acheter une nouvelle planche pour ajouter un rayon à ma bibliothèque.  

Le choix des lignes


vendredi 1 mars 2019