vendredi 30 janvier 2015

Tu crois que c'est facile une cigogne avec un 35 mm ?



La mode des titres de romans à rallonge, après quelques canards sauvages et des branches de sassafras me donnent des idées : après les titres aux verbes à l'infinitif.

jeudi 15 janvier 2015

Lettre ouverte de Georges Wolinski à sa femme

1978
Pourquoi t’ai-je écrit cette lettre ouverte ? Sans doute parce que j’ai atteint l’âge où l’on aime faire le point. Je ne suis plus jeune. Je ne suis pas vieux. Il me reste pas mal de belles années dont je compte bien profiter autant que je pourrai. Tu es inséparable de ces années, et j’en suis fort heureux.
Si tu étais un peu plus hypocrite, comédienne et soumise comme la plupart des femmes sont obligées de l’être, cela me faciliterait l’existence. Mais tu ne me fais pas de cadeaux. Ton œil est implacable, ton ouïe infaillible, impossible d’être, en face de toi, faible ou lâche, malhonnête ou brutal, ou encore d’avoir les ongles pas très nets. Tu es vraiment la femme qu’il me fallait parce que je n’ai pas de volonté et que, grâce à toi, j’ai l’air d’en avoir. Seul, j’aurais traîné toutes les nuits dans les bars. Je serais devenu gros, sale et alcoolique. Je crois que tout ce que les hommes font de bien, ils le font pour essayer d’épater leurs femmes. Heureusement qu’elles existent !
Mais cela devient de plus en plus difficile de les épater. Car elles jettent sur nous ce terrible regard qui nous effraie par sa lucidité. Et elles prouvent tous les jours qu’elles savent tout faire aussi bien que nous. Il est certain que nous sommes à une époque où de nouveaux rapports sont en train de se créer pour le couple. Les mœurs et les habitudes de vie ont plus changés ces dix dernières années qu’en cent ans. J’ai passé ma jeunesse au milieu des tabous, et pourtant j’avais des parents ouverts et affectueux. Les mères actuelles accordent à leurs filles des libertés que leurs mères n’auraient même pas imaginées. Nous vivons dans une période charnière où les valeurs bourgeoises s’effondrent et où, cahin-caha, nous avançons vers un socialisme inéluctable.
Au milieu de ce bouleversement où les femmes émues découvrent les joies de la sororité et redécouvrent, adultes, les amitiés adolescentes, où les maîtres d’hôtel, vite blasés, ne s’étonnent plus de voir les femmes goûter le vin dans les repas d’affaires, où les femmes promoteurs président les conseils d’administration cigare au bec, l’homme reste tout de même, comme l’or, la valeur refuge.
Être féministe, c’est bien, c’est normal ; c’est à la mode et c’est chic. Mais être seule dans la vie, cela reste une tare, un sujet de moquerie et un problème angoissant pour les femmes. Vous avez besoin de nous, j’en suis persuadé, comme nous avons besoin de vous. Mais vous, vous avez surtout besoin de faire des gosses, et ces gosses, plus que nous, vous enchainent. Réfléchissez-vous vraiment à ce problème au lieu de comptabiliser ses griefs dont vous nous rendez trop facilement responsables ? Quand refuserez-vous d’être des pondeuses ?
Nous sommes comme des professeurs soudain chahutés. Notre autorité en prend un coup. Certains ne le supportent pas. D’autres sont trop complaisants et en rajoutent jusqu’à la veulerie. D’autres enfin, dont je fais partie, du moins j’espère, préfèrent être aimés qu’obéis, estimés que craints, et demandent simplement un minimum d’égard, de gentillesse et de compréhension.
Finalement, nous sommes assez fiers d’avoir des femmes féministes. Elles sont pour nous un label d’intelligence et d’ouverture d’esprit. Je suppose que certains romains devaient affranchir leurs esclaves pour des raisons similaires. J’ajouterai que le féminise, après tout, vous occupe, vous donne du travail – un travail que vous n’enlevez pas aux hommes. Vous écrivez des bouquins dans lesquels vous dites ce que vous pensez de nous. Vous faites des journaux sans mode pour que l’on vous prenne au sérieux. Vous luttez, vous manifestez, vous vous agitez, vous vous indignez. Vous vous moquez de nous. Oui, cela vous occupe. Et vous évite peut-être de penser et de réfléchir à la société que vous aimeriez. Et à toutes les barrières de préjugés que vous trimballez.
Réfléchissez à ce que veut dire vraiment une société de femmes où les hommes et les femmes partagent également les tâches et dites-moi si c’est ce que vous recherchez.
Le féminisme comme l’écologie rassemble des gens de tous les bords. Comme l’écologie, il ne signifie rien sans le pouvoir politique et l’influence qu’il peut avoir sur lui. Comme l’écologie, il est générateur d’espoir devant la prise de conscience qu’il indique et de désespoir devant l’ampleur du problème à résoudre.
Les femmes sont injustement traitées sur notre planète. Elles sont mutilées, asservies, considérées comme des pondeuses et des bêtes de somme.
Je les ai vues trimer dans le désert pendant que les hommes buvaient le thé à la menthe, assis à l’ombre. J’ai vu pratiquement la même chose sous le ciel gris parisien ou dans nos campagnes.
Oui, tout cela doit changer. Je compte sur toi et tes petites amies. Le phallocrate que je suis a le cœur serré en pensant à toutes ces femmes malheureuses qui n’ont pas la chance d’avoir un mari aussi gentil que le tien.
( Georges Wolinski, Lettre ouverte à ma femme, Albin Michel, 1978. )
( Georges Wolinski, Lettre ouverte à ma femme, Albin Michel, 1978. )

Quelques taches noires


mercredi 7 janvier 2015

Et si en plus, il n'y a personne

Abderhamane, Martin, David
Et si le ciel était vide
Tant de processions, tant de têtes inclinées
Tant de capuchons tant de peur souhaitées
Tant de démagogues de Temples de Synagogues
Tant de mains pressées, de prières empressées

Tant d'angélus
Ding
Qui résonnent
Et si en plus
Ding
Y n'y a personne

Abderhamane, Martin, David
Et si le ciel était vide
Il y a tant de torpeurs
De musiques antalgiques
Tant d'anti-douleurs dans ces jolis cantiques
Il y a tant de questions et tant de mystères
Tant de compassions et tant de révolvers

Tant d'angélus
Ding
Qui résonnent
Et si en plus
Ding
Y n'y a personne

Arour hachem, Inch Allah
Are Krishhna, Alléluia

Abderhamane, Martin, David
Et si le ciel était vide
Si toutes ces balles traçantes
Toutes ces armes de poing
Toutes ces femmes ignorantes
Ces enfants orphelins
Si ces vies qui chavirent
Ces yeux mouillés
Ce n'était que le plaisir
De zigouiller

Et l'angélus
Ding
Qui résonne
Et si en plus
Ding
Y n'y a personne

Et l'angélus
Ding
Qui résonne
Et si en plus
Ding
Y n'y a personne

Alain Souchon

Prendre le chemin des nuages


mardi 6 janvier 2015

Père / Brigitte Fontaine

La neige sur les plages
L'union sans bavardage
Le père et sa puinée
Celle qu'il a sauvée

Sa fille qui toujours
Enferma son amour
Et lui aussi d'ailleurs
C'était comme un malheur

Père plein de douceur
La pureté au cœur
Je t'aime et je le dis
Depuis que tu partis
Parti dans la lumière
Par delà le mystère

Oh ma fleur parfumée
Oh mon pauvre ange athée
Je t'aime et je le dis
A toi qui es parti
Trop tôt pour que tu saches
Mon amour qui se cache

Tu m'expliquais bédé
Mat sans t'impatienter
Tu caressais mon bras
Dans les noirs matins froids

Tu sortais de ton calme
Pour lancer ton napalm
Sur l'ennemi mortel
De ta vierge rebelle

Oh toi qui m'attendait
Résigné à la paix
Éteignant la télé
Lors de mon arrivée
Dans mes visitations
D'inconsciente guenon

Oh ma fleur parfumée
Oh mon pauvre ange athée
Je t'aime et je le dis
A toi qui est parti
Trop tôt pour que tu saches
Mon amour qui se cache

Riant astre pudique
Et serviteur laïque
Filio des pots pourris
A travers des petits

Père dont le plaisir
Est combler nos désirs
Ton petit crâne rond
Jolie comme un ballon
Est ce celui de ta fille ?
Qui te pleure à la grille
Tu m'aimais sans le dire
Mais avant de mourir
Tu m'as dit "mon amour"

C'est dans mon cœur toujours

Oh ma fleur parfumée
Oh mon pauvre ange athée
Je t'aime et je le dis
A toi qui est parti
Trop tôt pour que tu saches
Mon amour qui se cache

Sur Deezer

Barbecue au tennis