dimanche 1 novembre 2020

Ce fameux imper bleu

Mais la première fois que j’ai succombé à la lenteur fascinante de Famous Blue Raincoat, j’avais 14 ou 15 ans. N’étudiant pas l’anglais, je ne comprenais pas grand-chose aux paroles. J’avais pourtant l’impression de ressentir cette chanson dans chacune de mes fibres. You’re Living’ for Nothing Now, en plus d’être assez simple, ça n’avait nul besoin de traduction. Je crois que c’est la lenteur qui m’impressionnait par-dessus tout. Elle s’accordait étrangement au métabolisme d’un ado provincial aussi porté à l’exubérance qu’un hérisson neurasthénique. Je ne savais presque rien de Léonard Cohen, que j’ai donc attaqué par la face noire. Le disque était à ma grande sœur, je lui piquais aussi The Favorite Game, traduit chez 10/18, un roman poétique dont les pages débordaient de sexe.

François Gorin
Télérama.fr
21/05/2020

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