jeudi 16 février 2012

Miette

Reçu ce matin. Le début.
C'est au début des années quatre-vingt que j'ai fait plus étroitement connaissance avec Adrien. La mort presque simultanée de Baptiste et de Jeanne vida la maison où il avait vécu un demi-siècle plus tôt. Elle atténua l'interdit spécial dont le partage frappe les choses autrefois indivises ? Il prit l'habitude de passer chaque jour. Du bout ferré de sa canne, il frappait à la porte de l'atelier ou faisait sonner les morceaux de ferraille qui jonchaient le sol, dehors. Je posais les outils, débranchais le poste de soudure, extrayais ma dextre du gros gant de cuir et nous nous serrions protocolairement la main. Il me demandait, en français le plus souvent, mais parfois en patois, comment je me portais. Il riait lorsque je lui répondais en patois.
Pierre Bergougnioux / Miette/ p.9/ Folio 

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