samedi 18 février 2012

Et c'est comme ne plus peindre ...

Le peintre se tue au travail de la même façon que l'écrivain. Mais lui, il ne cesse de nager à la surface de la couleur. C'est à l'aide de surface, et seulement de surfaces qu'il atteint la profondeur.  Même si le chef-d'oeuvre demeure inconnu.
p.77
Je peins et c'est comme ne plus peindre. Et je sais bien que c'est important et émouvant qu'il existe quelque part les femmes, les jeunes filles, et l'amour, et les meules de foin, et les locomotives, et les livres, et les barques. L'existence est l'existence, criblée des balles du temps, et je l'aime, et je sais que tous les évènements du passé ne sont pas du tout perdus, que tous les instants vécus n'ont pas sombré, qu'ils sont là désormais, à la surface, sous chaque feuille arrondie, dans le clapotis, les éclats, les lueurs, les verts, les mauves, les roses, les coups légers du pinceau, et du vert encore, toute la gamme des verts, des bleus. Un étourdissement.
p.79 
Pierre Péju / Le vie courante/ Folio

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